Généralités sur les horloges :

Ce qu'on nomme "beffroi" dans la France du Nord porte, dans le Midi, le nom d'horloge. Dans le Nord du pays, les beffrois sont l'apanage quasi-exclusif des villes. Ici, et particulièrement dans le Gard, nombreuses sont les plus modestes communautés villageoises à s'être dotées d'une horloge. Nîmes possédait une vieille horloge du XVème siècle, mais l'actuelle tour date de 1752 - 1754. Est-ce cette reconstruction qui "déteint" sur les villages des environs ? Sauf dans les cas où l'on utilisa une tour préexistante (Sommières, St Ambroix...), la plupart des horloges des alentours datent de la seconde moitié du XVIIIème siècle (celle de Congénies a été édifiée en 1759, par exemple).

Ces horloges se ressemblent beaucoup - et Junas ne faisait pas exception : ce sont des tours à base carrée, avec très peu d'ouvertures, abritant un escalier d'accès au mécanisme horloger situé en hauteur, derrière un cadran - à aiguille unique à l'origine, montrant les heures - situé sur l'une des faces de l'édifice. Au sommet de la tour un trépied métallique - nommé "campanile" - supporte une cloche.

Pourquoi un tel engouement pour les horloges ? Tout d'abord, il est fort probable que les églises de nos villages ne donnaient pas l'heure aux habitants, les bedeaux, vicaires ou curés ayant d'autres occupations que de devoir sonner l'heure à chaque... heure. C'est le cas à Junas. La plupart de nos églises n'étaient pas équipées de mécanisme d'horlogerie. De plus, au XVIIIème siècle, une montre individuelle est un objet de luxe. Au XIXè siècle encore, on sait combien cet objet était précieux et on le transmettait souvent "de père en fils".

Enfin, ne faut-il pas voir, dans ce Gard largement acquis au protestantisme, que doter le seul bâtiment abritant une cloche d'un mécanisme d'horlogerie - l'église - revenait à confier aux Catholiques le privilège de donner l'heure ?... Pas vraiment envisageable!

Document : Histoire de l'Horloge de Junas